Produire autrement, du camembert bio et fermier
En Basse-Normandie, Patrick et Francine MERCIER se sont lancés comme défi de produire un fromage de qualité supérieure. Grâce à leur ferme autonome en alimentation animale et en énergie, ils produisent un camembert de Normandie fermier, certifié AOP et issu de l'agriculture biologique. Reportage à la ferme du champ secret.
En 1990, Patrick et Francine ont choisi de produire un lait de qualité supérieur, riche en protéines et bien proportionné en lipides, et de le valoriser au mieux. Pour cela, ils ont repensé leur système de production en favorisant le bien-être des animaux. Afin de prévenir les maladies, ils paillent stabulation et parcours. Le résultat de ces nouvelles pratiques ? Une diminution des infections chez les vaches laitières. Sur cette lancée, le couple change aussi l'alimentation du troupeau. Partisans du “plus naturel”, ils optent pour une alimentation composée exclusivement de foin et d'herbe. Ils arrêtent l'ensilage de maïs et réorganisent leur parcellaire en utilisant 100 hectares pour la prairie et 20 hectares pour la culture de céréales (par exemple, avec un mélange de pois-avoine-triticale). La grande surface de prairies dont ils disposent leur permet de placer le troupeau 9 mois de l'année à l'herbe. Afin d'avoir du foin toute l'année et de compléter la ration, les parcelles de prairie sont en rotation pâturage/production de foin. L'exploitation est autonome en alimentation. Patrick récolte le foin à trois périodes de l'année puis le sèche dans un séchoir à foin en vrac installé sur la ferme. Cette méthode de séchage sans échauffement ni fermentation permet d'obtenir un foin de qualité nutritive (protéique et énergétique) supérieure et qui se conserve plus longtemps. Ils limitent aussi les traitements antibiotiques sur le troupeau puis arrêtent les traitements phytosanitaires sur leurs cultures. En 2012, après les 3 ans de conversion, leur production obtient la certification issu de l'agriculture biologique. En 2001, afin de faciliter l'alimentation exclusive au foin et à l'herbe, le couple décide de construire un séchoir à foin en vrac d'une capacité, aujourd'hui, de 360 tonnes. Le séchoir est alimenté par le toit solaire de la stabulation : la chaleur du soleil chauffe l'air se trouvant entre le toit et un sous-toit, il est récupéré puis propulsé par un ventilateur dans les cellules du séchoir. En cas de besoin, le séchoir est équipé d'un radiateur qui alimente une cellule de 180 m2. Mais les exploitants veulent pousser l'autonomie de leur exploitation plus loin. Grâce à l'installation d'une chaudière à bois sur la ferme, en 2011, ils deviennent totalement autonomes en énergie. La chaudière, alimentée avec le bois des haies de l'exploitation, permet de chauffer la salle de traite, la fromagerie, la maison des exploitants et aussi le radiateur du séchoir. Aujourd'hui, ce sont près de 350 camemberts qui sont produits chaque jour avec la moitié de la traite journalière. Le couple souhaite, à terme, transformer tout son lait et ainsi doubler leur production de fromages...
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